Article modifié le 12 avril 2019
Lorsque la petite partie de moi qui est hyper psychorigide prend le dessus (quelques minutes par semaine) sur la partie de moi qui se prend pour DMX, les résultats sont étonnants voire absurdes…
Au commencement…
Tout a commencé un jour de février ou de mars, je ne me souviens plus très bien. La colocation dans laquelle je vivais voulait à tout prix faire un repas de Mardi-Gras mais parce que de vieilles traces de tradition catholique sommeillent dans ma conscience (en fait, de nombreuses vieilles traces de diverses traditions sommeillent dans ma conscience, mais c’est une autre histoire), je trouvais inopportun de fêter Mardi-Gras sans la contrepartie qu’est le Carême. En réalité, personne ne pratiquant ni n’étant croyant dans la maisonnée, ça n’avait aucun sens de s’imposer ces rites, on aurait pu tout aussi bien fêter Noël ce jour-là. Mais comme nous étions dans un état d’euphorie, nous avons décidé de relever le défi.
On a bien mangé, on a bien bu, et j’ai été la seule à faire le Carême, l’arnaque… Pas d’alcool ni de viande pendant 40 jours. Le choix d’arrêter la viande durant cette période a été inspiré par un type avec qui je «sortais» à cette époque-là. Il était vegan et j’étais intriguée par cette capacité à contrôler la manière dont on mange. La question que je me posais alors était de savoir si j’étais capable d’avoir une volonté aussi forte… La réponse est affirmative mais c’est certainement parce que je sais que la durée de ce régime est limitée et de plus par un calendrier que je n’ai pas fixé. Étrangement, ce cadre institutionnel facilite ce parcours du pénitent.
Sauvons la planète
Depuis environ dix ans, je me crée des interdictions à respecter durant une quarantaine de jours et tous les ans, j’essaie d’ajouter un nouvel interdit. L’an dernier, j’ai fait une pause sur le Carême (donc j’ai interdit à tout le monde de fêter Mardi-Gras parce que je suis une dictatrice). La première raison de ce renoncement était le nombre d’interdits et leur nature : le seul, l’unique, le vrai défi qu’il me reste à relever est celui de la déconnexion du World Wide Web mais c’est, pour l’heure, impossible. La seconde raison est due à l’indiscrétion des gens autour de moi et aux délires mystiques de certaines personnes en Christ, dont ma mère. Il fallait que je calme ses ardeurs chrétiennes avant qu’elle ne se mette à croire à une épiphanie qui me conduirait à l’accompagner tous les dimanches à l’église.
Cette année je reprends le Carême car la planète va mourir (c’est certainement parce que je n’ai pas fait pénitence l’an dernier). Mais mon carême est chillax, juste des choses dont je peux me passer facilement : viande et alcool mais aussi les gâteaux et autres sucreries. Pour ces derniers, ce ne sera que chez moi parce qu’il n’y en a pas dans nos placards, donc easy peasy mais en dehors de l’appartement, j’en mangerai parce que je n’ai ni envie de souler les gens ni de m’expliquer mais aussi parce que c’est mon principal repas au boulot en ce moment🙊. Donc, pour sauver la planète, comme cette jeune fille qui me ressemble étrangement mais sans vraiment me ressembler, je ne mangerai pas de viande pendant 40 jours…
Et donc ?
Tout ça ne nous explique pas ce que sont les « fakras de morue » même si les personnes appréciant les jeux de mots à base de mots-valises douteux ont déjà deviné. Ce sont des beignets qui ont l’apparence, le goût (oui, oui Mesdames et Messieurs, j’ai testé et confondu des cobayes) et même une texture s’approchant des véritables accras de morue mais qui ne contiennent pas de morue ! Et en exclusivité pour vous cher lectorat adoré, j’ai réussi à faire des accras 100% vegan #amazing.
Pourquoi ne pas faire de simples accras de légumes ? Parce que ce n’est pas fun et que les défis débiles sont l’essence de la vie sur terre a écrit Darwin. En réalité, la naissance de cette recette est un (heureux) accident. Je préparais un repas brésilien (vous l’avez compris, j’aime les repas à thème) et afin que la caïpirinha (à consommer avec modération) ne nous fasse pas trop vite tourner la tête, il fallait manger quelque chose. En naviguant sur le web brésilien (parce que j’ai fait portugais LV4), je trouve une espèce de recette de crevettes panées mais, parce que la chapelure c’est muito France profonde, la recette utilise de la noix de coco râpée. À la fin, il ne restait plus de crevettes mais un mélange de farine et d’épices, de la noix de coco râpée et des œufs battus.
Comment ne pas gâcher cela (souvenez-vous, la planète se meurt) ? On a décidé de tout mélanger pour voir… Miracle de la chimie et des molécules : c’était bon ! Finalement, grâce à mon super-pouvoir détecteurs de saveurs et à mon grand amour de la morue (mais vraiment !), j’ai perçu, dans ce mélange qui ne payait pas de mine, la saveur des accras. On s’est dit que les crevettes avaient dû jouer un rôle dans ce résultat, après tout il devait rester quelques miettes de chair tombées dans le mélange. Le nouveau défi était donc de retrouver la même saveur mais dans une formule végétarienne… Puisque personne ne lit jamais ce qui est écrit avant la recette sur les blogs de cuisine, je peux raconter de la 💩, n’est-ce pas ?
Ma première vraie recette vegan
Les ingrédients pour une douzaine à une quinzaine de fake-ras (selon la taille choisie)
90g de noix de coco râpée (non sucrée)
2 pincées de mélange 4 ou 5 épices (j’utilise le mélange d’épice Goodall’s trouvé dans une boutique « irlandaise » à Lons-le-Saunier, ne me demandez pas pourquoi il y a une boutique irlandaise à Lons-le-Saunier)
1 pincée de cumin en poudre
1 pincée de fénugrec en poudre (secret de la maison)
2 pincées de livèche en poudre (secret de la maison 2)
1 cube « bouillon de légumes » (bio et tout ça)
1 petite pincée d’ Herbamare (sel aux herbes), si vous aimez manger salé et puisque le goût iodé est ce que j’aime dans la morue…
1/2 échalote (ou une petite échalote) émincée
1 gousse d’ail émincé
Une petite poignée de persil haché (c’est la cuisine de la maison donc les quantités varient mais il ne faut pas avoir de trop grandes mains)
Du piment selon votre goût et votre tolérance
60 g de farine
2 cuillères à café rases de levure chimique
Le jus d’un citron vert
De l’huile de friture
Les ustensiles
1 bol pour mélanger
1 friteuse ou une sauteuse
2 cuillères (ou vos mains)
Un ustensile pour retourner les aliments frits (perso, j’utilise les baguettes de Suhi Shop)
Préparation
Mettez la noix de coco râpée dans le bol. Ajoutez toutes les herbes et les épices puis le jus du citron vert. Mélangez.
Ajoutez la farine et la levure. Versez prudemment de l’eau froide. Mélangez pour obtenir une espèce de pâte un peu collante, elle ne doit pas être aussi liquide que celle des véritables accras car la poudre de noix de coco est plus fine et se désintègrerait dans l’huile chaude (en fait, je n’en sais rien mais j’ai un mauvais pressentiment). Ajustez la quantité d’eau pour obtenir la texture désirée. Si vous avez mis trop d’eau, essayez d’ajouter de la farine, sur un malentendu, ça peut fonctionner.
Faites chauffer l’huile de friture. Formez des quenelles à l’aide de deux cuillères (à café ou à soupe, selon la taille souhaitée) ou à la main et déposez-les dans l’huile chaude en faisant attention à vos doigts. Retournez-les au bout de quelques minutes (se fier à leur bronzage). Lorsqu’elles sont dorées, il faut compter environ 5 minutes, vous pouvez retirer les fake-ras du feu pour les déposer sur du papier absorbant (recyclé).

On a sorti les plats en bois pour faire exotique et plaire aux tchibambas.
J’ai réalisé des quenelles assez grosses car c’était pour un plat unique. J’ai choisi d’accompagner avec un riz jaune aux lentilles (jaune grâce au curcuma en poudre), une salade avocat-mangue-échalotte et un rougail de tomates. Mes photos sont dégueulasses mais ma bouffe était bonne parce que malgré le Carême, je ne suis pas venue ici pour souffrir, ok ?
Wishlist
Des cours de photographie parce que voilà quoi…
Un appartement mieux éclairé le soir (offrez-moi des ampoules et des lampes !)
De la patience
Une recette de ti punch sans alcool aka de la limonade
Un séjour dans les Caraïbes