Five favs (janvier-mars 2019)

Article modifié le 12/04/19

Cet article est le début d’une rubrique qui me tenait à cœur : les « five favs« . Cette liste trimestrielle de moments, de personnes ou des créations artistiques et intellectuelles, me permet de rendre hommage, en quelques paragraphes, au talent et au message de chacun et chacune. Et j’espère, qu’ainsi, on cessera de me péter les ovaires parce que je ne partage pas les goûts de celles et ceux qui «adooorent» Augustin Trapenard et François Bégaudeau et qui pensent que, par conséquent, je n’aime rien… Raccourcis dont je suis victime depuis depuis. En attendant que les planètes s’alignent, voici la liste de mes 5 fantastiques du premier trimestre 2019.

When I get home, Solange

« I saw things I imagined, I SAW things I imagined, things Aw Imagined, things Aï imagined »
Mes morceaux préférés : « Almeda », « Binz », « Stay Flo », « Way to the show », « Sound of the Rain »

Après A Seat at the Table (2016) qui l’a inscrite dans le paysage musical mainstream et lui a valu le Grammy de la meilleure performance R&B en 2017 pour « Cranes in the Sky », Solange Piaget (yeah, yeah comme les montres et les bijoux de luxe) Knowles a offert, au monde entier, le 1er mars 2019, à minuit, son nouvel album, When I Get Home. Celui-ci était très attendu, après le succès critique et commercial du précédent. Le Black Girl Magic twitter était aux aguets. Après les premières heures, donc les première écoutes, et une fois l’excitation de la sortie passée, l’accueil public est plutôt mitigé car l’album a une dimension assez expérimentale.

Si l’album de 2016 s’ancrait dans le FUBU et revendiquait une manière personnelle et collective de vivre la condition noire aux Etats-Unis et particulièrement dans le sud du pays, le dernier opus de la chanteuse semble beaucoup plus intime, comme un voyage personnel, physique et intérieur (oui, c’est facile à comprendre avec les titres respectifs des albums mais au moins Solange est cohérente), ce qui peut déstabiliser les personnes qui ont jammé sur l’album précédent mais surtout qui y ont entendu leurs expériences. Ici, l’artiste veut parler d’elle et de ses différentes identités comme l’explique l’interlude « Can I hold the mic ».

I can’t be a singular expression of myself, there’s too many parts, too many spaces, too many manifestations, too many lines, too many curves, too many troubles, too many journeys, too many mountains, too many rivers, so many

Christophe Chassol et Solange Knowles

Musicalement, on retrouve des points communs entre les deux albums : l’influence du hip hop, les références propres à la culture noire américaine, de nombreux interludes et même des collaborateurs en commun. Mais l’ambiance sonore diffère un peu : pour A Seat at The Table, la production était plutôt tournée vers le R&B et la neo soul (Raphael Saadiq est l’un des principaux producteurs de l’album) alors que dans When I Get Home on sent une plus grande influence jazz et des musiques électroniques (Christophe Chassol, Dev Hynes, Panda Bear et le retour de John Caroll Kirby à la production). Certains pensent que le côté hipster de Solange est trop présent dans l’album, ce qui a donné naissance à de nombreux mèmes plutôt drôles, un twitto écrit ainsi : «c’est un album pour les gens qui boivent du lait d’amande» (on pourrait dire la même chose du travail de Frank Ocean…). En réalité, cette œuvre est un condensé des centres d’intérêt et des influences de la chanteuse depuis quelques années comme le prouvent la création de son label Saint Records et la sortie de la compilation Saint Heron en 2013.

On retrouve, par exemple, l’influence de l’afrofuturisme (décidément) dans la réalisation musicale et dans le film qui accompagne l’album. La chanteuse avait déjà déclaré l’importance de Sun Ra (cf. la participation de Sun Ra Arkestra à quelques-uns de ses concerts en octobre 2017) et de l’album de Stevie Wonder, Journey to the Secret Life of Plants (1979), deux références de cette esthétique, dans son parcours artistique. De surcroît, après la sortie d’A Seat At The Table, Solange a créé des installations et des performances artistiques s’inscrivant dans ce mouvement. Quoiqu’il en soit, le film de 33 minutes illustre une espèce de mélancolie afrofuturiste et onirique à travers des paysages principalement urbains : on découvre l’architecture (maintenant) rétro-futuriste de Houston qui se mêle aux traditions régionales, particulièrement celle des cow-boys noirs.

Les moqueries (amicales) contre l’album prouvent la nécessité du travail de Solange : redonner la place aux artistes noirs à la source de la musique « new age » et même du jazz (puisqu’il faut encore et toujours le rappeler, au vu du paysage musical contemporain), mettre en avant toutes les traditions auxquelles les personnes noires ont participé comme celles des cow-boys (voir le compte twitter de l’artiste où elle leur rend un vibrant hommage) mais surtout tisser une toile musicale et artistique pour un renouveau des musiques noires qui ne renient ni leurs origines ni leur importance culturelle et économique. Et c’est pour ça que j’aime cet album. #RéappropriationCulturelle

P. S. n’essayez pas de comparer Solange à sa sœur pour mépriser celle-ci et vous la péter «intellectuel de la musique noire» (les vraies savent déjà de qui je parle), parce qu’elle va vous démonter.

Le Piment : le podcast « hot sauce in my bag, swag »

Les nerfs sont tendus !

En février, j’ai commencé à écouter autre chose que les podcasts de littérature du Collège de France… Lol, je mens parce que ça fait un moment que je ne les ai pas écoutés, surtout parce que je suis fâchée contre ce misogyne d’Antoine Compagnon. Cela fait des mois que je vois apparaître des noms de podcasts sur twi twi donc il était temps que je me mette dans la vibe. En plus, j’ai envie de reprendre un peu mes excursions radiophoniques mais sans me prendre la tête et de préférence en gérant ce dont je veux parler et la manière dont je veux m’organiser de A à Z. Par conséquent, je devais me mettre à la page et comprendre comment faisaient les autres.

Vous avez déjà compris qu’après des décennies à être nourrie (et à me nourrir) d’un certain regard sur le monde, je souhaite rattraper le retard en me consacrant à ce qui soulève des questions qu’on forçait à taire jusqu’il y a encore quelques années… J’ai donc commencé par Le Tchip, podcast mené par deux journalistes, Mélanie Wanga et François Oulac, ainsi que par Kévi Donat créateur du Paris Noir : l’émission est très bien réalisée, très professionnelle, les sujets et les intervenants sont pertinents mais au bout de quelques écoutes, je ne me sentais plus très impliquée, j’écoutais sans vraiment être attentive… et je trouvais que ça manquait un peu de référence à la situation des Noirs en France. J’ai donc fait une pause du Tchip (j’essaierai de reprendre pour voir la progression) et j’ai débuté Le Piment, ce fut une vraie révélation !

Cette émission (disponible en podcast) existe depuis juin 2017 et est animée par des personnes issues de différentes diasporas noires d’Afrique et des Antilles. D’ailleurs, le nom du podcast, «Le Piment», a été choisi car c’est un des éléments communs aux cultures afro et à leurs diasporas précise Binetou Sylla, la fondatrice, à la revue Africultures. L’émission est diffusée en direct, un samedi sur deux, de 14h à 16h, sur Rinse France : Binetou Sylla (directrice de Syllart Records) y intervient accompagnée de Rhoda, une des fondatrices d’Atoubaa, Chris, Célia et Marina. L’émission aborde les problématiques rencontrées par les personnes afrodescendantes dans un environnement blanc mais aussi noir et qui sont souvent liées à l’actualité culturelle, sociale ou politique. Chaque intervenant ou intervenante exprime son point de vue en s’appuyant sur son expérience personnelle, son ressenti, sa culture et ses compétences.

Ce qui fait la différence, pour moi, et n’ayant pas encore écouté beaucoup de podcasts, c’est la liberté de ton, la qualité des échanges amicaux et respectueux des différences de chacun mais aussi l’inscription dans un contexte français et quotidien. Le tout donne l’impression d’un échange informel entre amis qui connaissent leur sujet ou qui savent se taire lorsqu’ils n’ont pas toutes les clés en main pour discuter une problématique mais qui n’ont pas peur d’exprimer leurs opinions. Il y a même un aspect «repas de famille» mais sans l’oncle et la tante super relous qui portent des jugements sur tous vos choix ou non choix de vie. La personnalité de chacun et chacune s’exprime sans étouffer celle des autres. En plus de cette atmosphère amicale, la sélection musicale illustrant les débats ainsi que les dj sets à la fin de chaque épisode sont toujours 💯 Et le générique ! En tout cas, le piment est dans la sauce et ça tombe bien puisque c’est comme ça que je l’aime.

J’ai vraiment apprécié toutes les émissions écoutées jusqu’à présent mais je ne vous mets que deux exemples pour que vous puissiez goûter la sauce (à vous de choisir votre recette). Le podcast est disponible sur SoundCloud et Itunes.

Le piment est dans la sauce

Swing time, Zadie Smith

Cela fait deux ans que j’ai découvert l’existence de Zadie Smith même si, à présent, j’ignore quelles étaient les circonstances de cette découverte… Après quelques articles, je voulais absolument lire son œuvre mais mon travail ayant tendance à éteindre toute vie intellectuelle annexe, je n’avais pu lire qu’ un essai sur Billie Holiday paru dans le New Yorker en mars 2017. Ensuite son nom est revenu dans mon champ de vision lors d’une mini polémique sur le maquillage, le féminisme et le patriarcat. Pour résumer, en 2017, lors de la promotion de Swing Time, l’autrice a expliqué que le maquillage était une perte de temps et certaines personnes lui ont rappelé de jeter un coup d’œil à ses privilèges.

« Pas plus de 15 minutes pour se préparer… » On n’est pas toutes comme toi Yaya ! source: https://www.thetimes.co.uk, CRAIG BARRITT/GETTY IMAGES

La dernière fois que je suis retournée dans une librairie, en dehors des fêtes de Noël et parce que maintenant, il est plus aisé de commander son livre depuis chez soi que de se déplacer jusque dans une boutique pour s’entendre dire qu’on peut le commander pour vous… Bref, la dernière fois que j’ai voulu acheter des livres, pour moi, dans un magasin physique, Swing Time était exposé «en tête de gondole» car il venait d’être traduit en français et qu’une autre librairie du groupe préparait la venue de la romancière dans notre petite grande ville de province. J’ai donc acheté le roman pour enfin savoir si j’avais été piégée par une hype sans intérêt ou si au contraire, il y avait matière à s’émerveiller.

Dans ce cinquième roman, publié en 2016, Zadie Smith aborde des sujets importants mais pas de manière tout à fait frontale. À travers le parcours d’une jeune femme métisse anglaise-jamaïcaine (la narratrice) et des personnes qu’elle rencontre, l’autrice interroge la question de l’identité, du colorisme, du racisme, de la famille et de la célébrité. Cependant, on peut se demander à qui sont destinées ces interrogations ? Pour qui se construit ce discours ? Cette question a d’ailleurs été posée dans les podcasts cités précédemment mais concernant d’autres œuvres : à qui s’adresse les discours sur la condition noire ? Est-ce que c’est pour satisfaire une sorte de white gaze ce qui expliquerait le succès de certaines personnalités plutôt que d’autres ? Ici, on a l’impression d’être face à deux discours en contrepoint : celui adressé à n’importe quel lecteur qui contribue à l’aspect «roman d’apprentissage» de l’œuvre et celui destiné au lecteur blanc à qui on révèle à quoi peut ressembler le racisme ordinaire ET à un lecteur noir de classe moyenne supérieure, naviguant dans un certain milieu culturel et qui peut lire, ici, son propre parcours.

Sans trop révéler les tensions et les interactions qui se construisent dans le roman entre la narratrice et les autres personnages mais aussi entre la narratrice et sa propre identité, voici une présentation très brève : on suit le parcours de deux amies d’enfance (Tracey et la narratrice), toutes les deux métisses, ayant des éducations opposées mais toutes les deux passionnées par la danse ; la première est la plus douée artistiquement mais la moins bien dotée socialement, la seconde (dont on ignore le nom) réussit à s’élever socialement grâce au désir de quitter son quartier populaire et sa rencontre avec Aimee, une star de la pop qui lui fait prendre conscience plus clairement de sa condition et de son identité.

Ce qui m’a semblé intéressant dans ce roman, c’est la vie intérieure secrète que mène la narratrice, le regard réaliste qu’elle porte sur ses parents en tant qu’individus, son attraction presque malsaine mais totalement enfantine et adolescente pour Tracey qui représente pour elle tout ce qu’elle n’est pas, tout ce qu’elle n’a pas le droit d’être car c’est tout ce que sa mère méprise. Ainsi, Tracey se retrouve toujours être un miroir inversé de la narratrice, une vision parallèle de ce qu’aurait pu être sa vie. Les interrogations et les fragilités de la narratrice me touchent car je m’y reconnais et je suis une lectrice plutôt narcissique…

Nadia Yala Kisukidi ou notre cousine parfaite

En février, j’ai assisté à la soirée de lancement du hors-série «Décentrer, Déconstruire, Décoloniser» de la revue Africultures. D’ailleurs, je ne l’ai toujours pas acheté, shame on me, à cause de mes trous de mémoire provoqués par la fatigue… Mais on va remédier à cela très vite 😬 . Durant cette soirée organisée à La Colonie, on pouvait écouter les textes des lauréats du concours littéraire lancé par la revue et rencontrer ses contributeurs et contributrices, dont Nadia Yala Kisukidi.

Lorsque nous avons entendu son CV, «agrégée et docteur en philosophie, philosophe spécialiste de Bergson, maîtresse de conférence à Paris VIII, africaniste spécialiste des études post-coloniales», ma cousine et moi sommes arrivées à la conclusion que c’est la fille que nos tontons/nos pères auraient voulu avoir. Et je les comprends… Elle représente le type de personnes qu’on aimerait pouvoir fréquenter au quotidien afin de profiter de ses lumières et de prendre pour modèle son parcours #RepresentationMatters. Et de vous à moi, c’est l’intellectuelle que j’aurais rêvé d’être si je n’étais pas démotivée par la vie.

Une des dernières questions de cette soirée de présentation concernait les utopies. Avant de donner l’exemple d’un projet utopique concernant la condition noire, Nadia Yala Kisukidi a introduit son propos en quelques mots et j’ai tout de suite pensé «Aaaaah Marcus Garvey et la black star line» parce que je suis moi-même intriguée et partagée en ce qui concerne cet épisode historique et idéologique. Lorsqu’elle a énoncé les mots que j’avais pensés, j’étais toute fière d’avoir compris où elle voulait en venir, d’avoir anticipé sa réponse en mode «on se sait copine ! » alors qu’on ne se connait même pas ou plutôt qu’elle ignore mon existence même. Si les coups de foudre intellectuels existent alors j’en ai été victime.

La fluidité de son propos et son abord ouvert m’ont rendu curieuse de son travail. J’ai trouvé quelques articles sur le net et j’ai découvert son honnêteté et son calme rhétorique. Cela semble n’avoir aucun sens mais ce que j’ai ressenti c’est que dans ses écrits on comprend sa démonstration sans que le style en soit lourd ou pompeux car ses propos sont organisés et mesurés. Bref, allez lire ses travaux pour comprendre ce que je veux dire. Comme précisé plus haut, j’évite d’acheter des livres parce que j’en ai déjà trop à ranger mais je suis prête non seulement à lire tout ce qu’elle écrit mais aussi à l’acheter parce que c’est le meilleur moyen de soutenir les «créatrices de contenu» qu’on apprécie. Cependant, je ne vais pas commencer par ses écrits sur Bergson parce que la philo et moi.. ce n’est pas le grand amour (lol).

The Carters : prix des meilleurs trolls

Aux Brit Awards 2019, les Carters (Beyoncé et Jay Z) ont gagné le prix du meilleur groupe international (prix déjà obtenu en 2002 par Beyoncé avec les Destiny’s Child) et voici la vidéo enregistrée pour leur discours de remerciements :

Corny parents make Blue cringe « Whyyy? »

Vous ne comprenez pas ce qu’il y a d’intéressant ou à peine ? Alors, on rembobine. Dans le clip de leur single « Apeshit », extrait de l’album Everything is Love, les deux stars américaines semblent tourner un épisode de « Touristes Riches au Louvre » mais c’était un peu plus que cela, n’en déplaise aux ignorants. Si le clip a participé au regain de fréquentation du musée, si son importance symbolique que d’autres ont très bien expliquée était évidente pour les personnes concernées (et qui écoutent les paroles des chansons), l’image qui a souvent été retenue, c’est celle du couple devant la Joconde. C’est cela que les deux artistes ont remis en scène pour les Brits Awards… Mais en remplaçant le portrait de Mona Lisa par celui de Meghan Markle (peint par Tim O’Brien et qui illustrait, à l’occasion du mariage de l’actrice, la couverture de The Key, le magazine de la sororité à laquelle elle appartenait lors de ses études). Le clip et la vidéo de remerciements ont provoqué une polémique. Les raisons des deux polémiques sont assez semblables même si elles n’ont jamais été formulées explicitement : comment des personnes noires (n’y connaissant rien à l’art ni aux Britanniques) peuvent occuper des lieux de pouvoir, avoir des postures de dominants et le revendiquer ? Scandale !

Photo de Robin Harper. Source : Kodak.com

Si l’on fait un tour sur le site du Daily Mail, journal-tabloïd, deuxième en nombre de ventes au Royaume-Uni, on comprend encore mieux cette polémique et d’où elle vient. On constate le mépris voire la haine envers Meghan Markle de la part des journalistes mais surtout des lecteurs qui s’en donnent à cœur joie dans les commentaires. Depuis son entrée officielle dans la première famille d’une nation colonialiste, c’est le déversement raciste et misogyne quotidien. Si Kate Middleton avait eu droit au mépris de classe, Meghan Markle se prend la totale (racisme, sexisme, classisme). Avant même leurs fiançailles, Kensington Palace avait dû publier un communiqué officiel pour répondre aux insultes racistes et sexistes à l’encontre de l’actrice américaine. C’est ainsi que sa relation avec le mec qui se déguisait en nazi a été officiliasée…. Lors de son premier Noël à Buckingham Palace, une cousine par alliance d’Elizabeth II (déjà connue pour des déclarations racistes) s’est pointée avec une broche « tête de Maure », représentation dans les arts décoratifs de la (volonté de) servitude, par les Européens, des personnes noires… Voilà le contexte.

En plein Black History Month aux États-Unis (février), cet hommage s’inscrit dans la continuité du clip et signifie la prise de pouvoir (culturel), l’inscription dans une place qu’on refuse de donner aux personnes noires. Représenter la duchesse de Sussex ainsi et s’incliner devant elle, à la télévision britannique, est donc un message de respect et de revendication qu’ont voulu faire passer Beyoncé et Jay Z. D’ailleurs, la chanteuse a appelé, sur son compte Instagram, Meghan Markle « one of our Melanated Monas ». Peut-être qu’elle stan Meghan Markle comme d’autres, peut-être que c’est une conspiratrice qui veut devenir amie avec elle pour ternir la monarchie anglaise comme ils ont sali le Louvre, voire la renverser… Bref, vous voyez l’état des réflexions d’un certain public et vous comprenez en quoi cette vidéo est un pied-de-nez des Carters. Pour confirmer le message de leur vidéo, Beyoncé a salué sur son site l’entrée de traditions noires et des questions raciales dans la famille royale britannique. Les deux chanteurs narguent la culture institutionnelle, le pouvoir blanc et en profitent pour envoyer un message aux Grammys qu’ils ont totalement boycottés (d’ailleurs dans Apeshit, Jay Z leur dit 🖕🏿), comme de nombreux artistes hip hop qui ont décidé qu’ils n’avaient plus le temps pour le manque de respect.

Bonus 1 : presque favs de ce premier trimestre

Lizzo : Elle a sorti un tube en janvier et depuis ne s’arrête plus : une tournée internationale, une omniprésence dans les médias, un feat avec avec son excellence Missy Elliot 🙌🏽, bref c’est l’artiste incontournable de ce début d’année 2019. Je voyais des personnes sur twitter parler de la flamboyance de Lizzo mais je ne prenais pas le temps d’aller l’écouter. Puis à la sortie de « Juice », les messages se sont multipliés donc ma curiosité était attisée. Après avoir vu le clip (et vous savez déjà combien j’apprécie les sons 80’s) j’ai enchainé avec quasiment toutes ses vidéos disponibles sur youtube et je m’enjaillais sur chaque son…

Je pense que sa maison de disque a compris que c’était le bon moment pour enfin la mettre en avant : génération woke toussa toussa. Une jeune artiste qui promeut le body positivisme et le féminisme, qui est dans la mouvance de l’awkward black girl popularisée par Issa Rae, pour cette génération. Jackpot.

Mais pourquoi Lizzo n’est pas dans ce premier « five favs » ? Principalement à cause de sa collaboration avec Good American, la marque « de » Khloe Kardashian… Je ne peux pas tout à fait me fier à une personne qui fréquente ces cultures vultures et qui s’acoquine avec une femme qui présente le corps mince comme une victoire sur la vie et qui pense qu’être anorexique est une blague. En plus, Lizzo a essayé d’expliquer sa collaboration avec Weight Watchers pour leur rebranding en tant que marque de bien-être… là où pour moi toute cette économie du « wellness » est une autre manière d’inciter les femmes à un corps normé par le capitalisme (mais c’est un autre débat). Comme les affaires sont les affaires et que la chanteuse est au début de sa carrière, on peut comprendre son désir de signer ce genre de contrat qui apporte de la visibilité. Affaire à suivre donc.

Skin Illusion de Clarins : grâce à ma vendeuse préférée (celle qui est assez patiente pour m’entendre dire pourquoi je n’achète pas telle ou telle marque, 👋🏽 Kate von D) dans un grand magasin de produits cosmétiques dont je tairai le nom, j’ai testé le dernier fond de teint de la marque Clarins. J’avais arrêté d’acheter les produits de cette marque l’an dernier ou fin 2017 et quelques mois après une critique du manque de représentation dans leurs campagnes et sur leur site internet, j’ai vu le message ci-dessous sur twitter… La publicité ciblée, notre amie. J’ai donc pensé à redonner une chance à Clarins.

Campagne Skin Illusion 2018

Après ma dose de rouge à lèvres Fenty Beauty, ma vendeuse préférée m’a proposé des échantillons et j’ai repensé à Clarins. Arrivée devant le rayon, je constate que la couleur la plus foncée était la mienne (actuellement entre le 360 et le 370 de Fenty Beauty... parce que je ne suis pas allée au soleil depuis octobre-novembre 2017). Bref. Connaissant le fonctionnement de ce genre de boutiques, j’ai fait un tour sur le site internet de la marque pour découvrir qu’il n’existe que 22 teintes pour ce produit et seulement quatre ou cinq d’entre elles correspondent aux peaux noires… alors qu’il existe une plus grande diversité de couleurs chez celles-ci ! Clarins, t’es pas encore au niveau et c’est dommage parce que le rendu est parfait et s’inscrit dans la lignée des nouveaux produits qui ne sont pas vraiment des fonds de teint pour un look «j’ai passé beaucoup de temps à ne pas avoir l’air maquillé» comme chez Glossier ou Milk Makeup.

Par contre, avec ma peau mixte, à la fin de la journée c’est effet huile de palme : le produit file dans les reliefs de ma peau, même en l’ayant matifiée en début de journée. Vous me direz «ouin, ouin, faut remettre de la poudre» mais qui a le temps pour ça au boulot ? qui a envie de se promener avec une trousse de maquillage toute la journée ? Lorsque je ne serai plus fâchée contre la marque, j’essaierai le « Skin Illusion » en combo avec le «Lisse Minute Base Comblante» qui était l’un de mes produits préférés avant que mes décisions idéologiques me rappellent à l’ordre. Enfin, j’hésite encore parce que le parfum de ce produit me dérange beaucoup. Je mettrai donc un 7,5/10 à ce fond de teint (et c’est déjà pas mal) pour son effet «maquillage naturel», parce qu’il ne dessèche pas la peau et unifie le teint.

Bonus 2 :

J’ai saucé ce son mais il n’y a pas grand chose à dire, à part « puuuuuuuuuull up! » Spéciale dédicace à la voix grave d’Idris et au flow de Stefflon Don.

Idris: »I came to wrap it up, do my ting… »
Us: 💦


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