Un poème, une playlist #4 : « près d’un feu dont la flamme éclaire le passé »

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Claude Monet, Soleil d’Hiver, Lavacourt (1879-1880) : “ Tout entier baigné d'une calme lumière rosée, Soleil d'hiver, Lavacourt est peint en plein cœur de l'hiver. Organisée autour de l'horizontale haute correspondant à la rive opposée de la Seine, la composition est simple. À l'arrière-plan, le village sépare tout en les reliant les deux éléments contrastés que sont le ciel et l'eau. La touche longue, régulière et parallèle utilisée dans la partie basse du tableau accentue le caractère horizontal de la composition. Fortement divisée, elle laisse apparaître la toile en réserve. L'harmonie colorée du paysage provient du contraste entre deux couleurs complémentaires, l'orangé et le bleu, conformément aux règles issues de la décomposition optique de la lumière qui ont gouverné l'œuvre des peintres coloristes depuis Delacroix.” (texte MuMa Le Havre)

Marceline Desbordes-Valmore, « L’hiver », Pauvres Fleurs, éd. Dumont, 1839

Non, ce n’est pas l’été, dans le jardin qui brille,
Où tu t’aimes de vivre, où tu ris, cœur d’enfant !
Où tu vas demander à quelque jeune fille,
Son bouquet frais comme elle et que rien ne défend.

Ce n’est pas aux feux blancs de l’aube qui t’éveille,
Qui rouvre à ta pensée un lumineux chemin,
Quand tu crois, aux parfums retrouvés de la veille,
Saisir déjà l’objet qui t’a dit : « À demain ! »

Non ! ce n’est pas le jour, sous le soleil d’où tombent
Les roses, les senteurs, les splendides clartés,
Les terrestres amours qui naissent et succombent,
Que tu dois me rêver pleurante à tes côtés :

C’est l’hiver, c’est le soir, près d’un feu dont la flamme
Éclaire le passé dans le fond de ton âme.
Au milieu du sommeil qui plane autour de toi,
Une forme s’élève ; elle est pâle ; c’est moi ;

C’est moi qui viens poser mon nom sur ta pensée,
Sur ton cœur étonné de me revoir encor ;
Triste, comme on est triste, a-t-on dit, dans la mort,
À se voir poursuivi par quelque âme blessée,
Vous chuchottant tout bas ce qu’elle a dû souffrir,
Qui passe et dit : « C’est vous qui m’avez fait mourir ! »

Jardin d’hiver…

Version TIDAL (avec du Bob Marley & The Wailers dedans : https://tidal.com/playlist/549f7b21-1aa1-4fac-b3c2-2497924f2fbe)


5 raisons de lire Marceline Desbordes-Valmore :

  • Pour dépatriarcaliser ta bibliothèque.
  • Parce que c’est une pionnière de la poésie romantique française.
  • Pour la recherche de musicalité : c’est pas facile de rendre la langue française euphonique.
  • Pour sa force élégiaque (seulement pour les personnes qui aiment pleurer au coin du feu).
  • Pour la dénonciation sociale et politique : Desbordes-Valmore a écrit sur la place des femmes dans les arts, sur la révolte des Canuts, sur l’esclavage aux Antilles, sur la misère… Bref, une véritable artiste romantique.

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