Contexte
Fin juillet, je souhaite noter une réflexion dans le fameux journal repris en 2021 et je tombe sur la dernière fulgurance de ma pensée datant du mois de mai : « Having two mothers but feeling like nobody’s daughter« . Oui, j’ai des tendances de drama queen…
Mais pourquoi cette réflexion ? Depuis un mois, les annonces pour la fête des mères fleurissaient dans la rue et sur internet : fleurs par ci, bijoux par là, la France a trop souffert… Parce que j’aime les jeux de mots pourris, mon cerveau a pensé « fête des mères partout mais une mère nulle part ». Quelques secondes plus tard, ce même cerveau se rappelait « mais Tamtam, tu as plus ou moins officiellement deux mères… » puis ma mélancolie a conclu « having two mothers but feeling like nobody’s daughter« . Une brève conversation silencieuse avec moi-même.
Retour à fin juillet et à la relecture du journal : « Ah tiens, cette dernière fulgurance de ma pensée est intéressante et puis c’est drôle que je retombe sur cette formulation lapidaire de mes complexes d’identité… Si j’en faisais un poème ? En Kikongo ? Parce que c’est d’abord cela mes origines et mes racines ». Et voilà le résultat de ce travail ardu parce qu’il a fallu rechercher au fin fond de ma mémoire et de l’internet pour retrouver des mots non « créolisés » par le Français.
Mwana ya nani ?
Ba mama zole
Kasi mu’ ke mwana ya nani ?
Na mavula ya ba nkoko tii na buala ya ba táta,
Ntoto na ntoto…
Mu’ ke na kusosaka.
Na nzadi ya ola tii na mwila ya palata,
Simu na simu…
Mu’ ke na kubakaka masa ya kulezima.
Na mukuyu ya seko tii na lutumu ya pamba,
Mama na mama…
Mu’ ke na kuminaka nkinsi ya makanda.
Mvul’ na mvula, tangu na tangu,
Mu’ ke na kulomba mukangu ya ba Nkuluntu :
« Beno natisa makulu ya munu,
Beno pelisa ba ndozi ya munu,
Beno belusa ba mputa ya munu ya kubumbana
Beno longisa munu mutindu ya kutunga luzingu ! »
Outro
Une version en français de ce texte existe (en réalité une adaptation des idées contenues dans ce texte) puisque j’ai été obligée de passer par le Français pour exprimer mes idées et la nécessité de ce truchement m’a brisé le coeur que ce truchement. C’est pourquoi je n’ai choisi de poster que la version en Kikongo, qui comporte certainement de nombreuses maladresses mais qui me satisfait par son rythme et sa simplicité. Ainsi, je peux modestement militer pour une présence « banalisée » des langues africaines sur Internet et vous inviter à apprécier la musicalité de ces langues ainsi que leur pouvoir expressif. C’est pourquoi, en attendant de peut-être partager la version française (qui est un peu pompeuse, je trouve), je propose une lecture personnelle de ce texte pour donner une idée du rythme et des intonations mais d’avance excuse my French parce que vraiment mon accent est pourri. Ne jugez pas ma voix d’endormie : je suis incapable de parler fort très longtemps.
🙌🏽 Un grand merci à Maman Sissi l’Impératrice pour l’aide à la traduction / adaptation. De la nécessité de la transmission….
Wishlist
Blessed the daughter raised by a voice in her head, Warsan Shire, mars 2022 ✔︎ (merci O)